Présentation du règlement technique 2026
RBR - VCARB: Pérez et Tsunoda rempilent
Comme cela était supputé depuis plusieurs semaines, Red Bull annonce le 4 juin la prolongation du contrat de Sergio Pérez pour la saison 2025, et lui offre en outre une option pour 2026. Ce choix est pour le moins surprenant car le Mexicain, après un bon début de saison (quatre podiums lors des cinq premières courses), paraît retomber dans ses travers de 2023 et vient d'enchaîner deux mauvais week-ends à Imola et Monaco. Sa situation est d'autant plus critique que cette année Red Bull aura besoin de lui pour remporter le championnat des constructeurs face à Ferrari et McLaren. Christian Horner a sérieusement envisagé la possibilité de recruter Carlos Sainz, mais il semblerait que la crainte de perdre Max Verstappen l'ait emporté sur toute autre considération. Le triple champion du monde hollandais se satisfait parfaitement d'un coéquipier inoffensif comme Pérez, même si humainement il ne l'apprécie pas. D'où cette reconduction que Red Bull ripoline en évoquant l'importance de Pérez dans une prétendue stratégie marketing à l'intention de l'Amérique latine.
Ce week-end, Visa Cash Racing Bulls officialise le renouvellement pour un an du contrat de Yuki Tsunoda, conséquence directe de la prolongation de Pérez chez RBR. Faute de volant dans l'équipe « A », le jeune Japonais lorgnait sur un volant chez Aston Martin qui sera motorisée à compter de 2026 par Honda, son principal soutien. Mais Lawrence Stroll ne paraît pas décidé à libérer la place occupée par son fiston... Faute de meilleure opportunité, Tsunoda effectuera donc une cinquième saison au sein de l'équipe italienne dont il s'affirme cette année comme le leader incontesté. L'avenir de son équipier Daniel Ricciardo s'inscrit cependant en pointillé et Helmut Marko dresse la liste de ses successeurs potentiels, tous issus de la pouponnière Red Bull: Liam Lawson, Isack Hadjar ou Ayumu Iwasa.
Alpine - Ocon: divorce consommé
L'accrochage entre Esteban Ocon et Pierre Gasly lors du premier tour du Grand Prix de Monaco suscite une crise interne chez Alpine. La responsabilité écrasante de l'Ebroïcien lui vaut les foudres de Bruno Famin qui a déclaré à Monte-Carlo vouloir « trancher dans le vif ». Ocon a en effet violé une consigne d'équipe interdisant tout combat entre les deux pilotes dans les rues étroites de la Principauté. Son orgueil, qui est grand, l'a hélas emporté sur sa raison. Selon plusieurs sources, Famin envisageait un temps de le punir en le suspendant pour le GP du Canada. Le réserviste Jack Doohan aurait alors assuré l'intérim. Mais Famin allait au-devant d'ennuis judiciaires. Ocon aurait pu fort bien débarquer sur l'Île Notre-Dame flanqué d'un huissier chargé de constater une entrave à son droit au travail. Ainsi, celui-ci est bien présent au Canada et Famin nie avoir songé à le suspendre. Néanmoins, l'incident monégasque marque une rupture définitive. Certes, Ocon se fend sur ses réseaux sociaux d'un long message d'excuses à l'adresse de son équipe et de tous les fans de F1. Il s'agit bien sûr de pure diplomatie. Le lundi 3 juin, Alpine F1 Team annonce qu'Esteban Ocon quittera l'écurie à l'issue de cette saison 2024. Le pilote français tourne maintenant ses regards vers Audi, dont il serait le second choix derrière Carlos Sainz, ou vers Haas qui l'accueillerait à bras ouverts.
Du reste, Doohan remplace finalement Ocon à Montréal, mais seulement pour les premiers essais du vendredi. Le jeune Australien se positionne ainsi comme un successeur putatif. De son côté, Pierre Gasly s'agace d'être considéré comme l'un des responsables du futur départ de son coéquipier abhorré. « Je n'ai rien à voir dans les relations d'Esteban avec l'équipe, clame-t-il. Je ne suis pas du tout impliqué dans ce qui s'est passé la semaine dernière. C'est un peu ennuyeux que l'on soutienne le contraire. On a deux carrières différentes, on trace chacun notre route. Nous ne sommes pas jumeaux. » Pour ce qui concerne son propre avenir, le Rouennais demeure évasif, affirmant qu'il n'a rien décidé pour 2025, même si Alpine souhaite le conserver.
Présentation de l'épreuve
Le circuit Gilles-Villeneuve a subi quelques aménagements depuis 2023. Il est d'abord pourvu d'un tout nouvel asphalte qui sera une grande découverte, puisque aucune voiture ne l'a jamais emprunté ! Pirelli estime que ce revêtement n'altérera pas trop ses produits et apporte ici les composés les plus tendres. Cependant, ce tarmac totalement lisse sera vite critiqué par certains pilotes en quête d'adhérence. La fraîcheur ambiante n'arrangera pas les choses: faute d'aspérités, une gomme mal chauffée n'est pas assez malléable pour bien s'inscrire au sol. En outre, tous les vibreurs ont été remplacés, tandis que l'échappatoire du virage n°3, jadis en bitume, est désormais herbé.
Malheureusement, plusieurs couacs entachent ce LIXe GP du Canada. Tout d'abord, vendredi, lors des essais libres marqués par plusieurs intempéries, la Société de Transport de Montréal fait évacuer des centaines de spectateurs en leur laissant croire que les séances sont annulées, ce qui n'est pas le cas. La pluie fait aussi du dégât sur et autour du circuit: les cabines des commentateurs sont inondées, des fuites sont signalées dans les garages pourtant rénovés, et les parkings se transforment en champs boueux. Le bouquet final a lieu dimanche lorsque la piste est envahie par les spectateurs avant même le drapeau à damiers. Le promoteur de l'épreuve, Octane Racing Group, est alors réprimandé par la FIA et sommé de remettre un rapport présentant des mesures concrètes pour pallier à ce type de risques avant le 30 septembre 2024. De son côté, Stefano Domenicali demande un rendez-vous au maire de Montréal Valérie Plante pour s'assurer que pareils incidents ne se reproduisent plus.
Le Grand Prix de Monaco a été un fiasco pour Red Bull. Le tracé de la Riviera a mis en évidence la grande fragilité de la RB20 sur les pistes bordées de hauts trottoirs. Ce problème devrait être moins prégnant à Montréal, mais l'équipe doit aussi composer avec les défaillances de son simulateur. « Monaco a été un coup sur la tête. McLaren et Ferrari se rapprochent, reconnaît Max Verstappen. Le simulateur nous a donné des informations erronées et nous avons mal réglé la voiture. En revanche, sur certaines pistes, l'ordinateur ne se trompe pas. Mais il va falloir améliorer le comportement sur les trottoirs et les bosses. Et cela ne se fera pas d'un seul coup, car il faut concevoir de nouvelles pièces et prendre en compte l'harmonie générale de la voiture. »
Les déboires de Red Bull aiguisent les ambitions de ses adversaires. Ainsi, après sa grande victoire à domicile, Charles Leclerc est prêt à saisir une nouvelle opportunité de succès, d'autant qu'il ne compte finalement que 31 points de retard sur Verstappen au championnat du monde. « À mon sens, nous serons très proches de Red Bull et de McLaren, comme sur les derniers Grands Prix, avance le Monégasque. Pour ce qui est du championnat, il est trop tôt pour y songer, et puis Red Bull a encore de l'avance, et sans doute vont-ils revenir en force (...) La Ferrari est depuis longtemps très bonne sur des tracés comme Montréal. Notre voiture supporte très bien les vibreurs, contrairement à la Red Bull. Mais à Barcelone, celle-ci devrait être à nouveau devant. Il faut ainsi être prêt à profiter des opportunités. » Un pronostic qui se révélera totalement erroné...
À Montréal, Toto Wolff informe Carlos Sainz qu'il ne sera finalement pas engagé par Mercedes en 2025, la firme à l'Étoile privilégiant désormais soit le recrutement de Max Verstappen, soit la promotion du jeune Andrea Kimi Antonelli. Voilà qui place l'Espagnol, évincé par Ferrari, dans une situation délicate sur le marché des transferts. Deux options peu séduisantes s'offrent désormais à lui: Sauber - Audi, un projet pour le moins incertain fondé sur une écurie de fond de grille, ou Williams qui a forcément peu à lui offrir à court terme. Trancher ce dilemme lui sera sans doute bien difficile.
Au mois de mai, après l'annonce de la séparation entre Adrian Newey et Red Bull, chacun s'attendait à voir l'ingénieur anglais rejoindre Ferrari. Un pont d'or et des conditions mirifiques lui auraient été offerts par John Elkann. Malgré les dénégations de son agent Eddie Jordan, une grande annonce était attendue pour le rendez-vous d'Imola, temple de la Scuderia. Mais rien n'est venu. Si bien que désormais, la presse évoque des liens entre Newey et l'ambitieuse écurie Aston Martin. Lawrence Stroll lui aurait proposé un salaire « monstrueux » et les pleins pouvoirs sur le tout nouveau campus technologique de Silverstone. Mais d'autres bruits affirment que Newey discuterait aussi avec de plus petites structures comme Alpine-Renault et même Williams, son ancienne équipe. Par ailleurs, Aston Martin aurait aussi dans son viseur Enrico Cardile, le très discret directeur technique de Ferrari. Le marché des ingénieurs est en tout cas aussi agité et tendu que celui des pilotes !
La chaîne allemande RTL doit désormais séparer ses deux consultants-vedettes, Ralf Schumacher et Günther Steiner. L'inimitié entre les deux hommes remonte à l'éviction du neveu du premier, Mick Schumacher, par le second en 2022, et ne s'est pas atténuée par quelques semaines de collaboration, bien au contraire. Alors que Mick Schumacher possède de bonnes chances de remplacer Esteban Ocon chez Alpine en 2025, Steiner a tout bonnement déconseillé au constructeur français de l'engager, au prétexte qu'il y aurait « de bien meilleurs pilotes sur le marché » ! C'en est trop pour Ralf Schumacher qui refuse désormais d'apparaître à l'antenne en compagnie de l'ancien directeur de Haas. « Steiner a peur que Mick revienne en F1 et brille sous la direction d'un team manager qui croit en lui. Il passerait alors pour un imbécile ! » cingle l'Allemand.
Toujours dans la catégorie « taillage de croupières », Jacques Villeneuve se paie une fois encore sa cible favorite, Daniel Ricciardo. Ce dernier vit une saison difficile avec Visa Cash RB et ne parvient pas à se hisser au niveau de son équipier Yuki Tsunoda. Son avenir est du reste désormais barré par la prolongation de Sergio Pérez chez Red Bull. Pour Villeneuve, la présence de Ricciardo en F1 est incompréhensible: « Pourquoi est-il encore là ? Cela fait quatre ou cinq ans que l'on entend toujours la même chose: '' On doit améliorer la voiture pour lui, le pauvre.'' Mais non, il n'y a pas de raisons de toujours lui trouver des excuses. Si tu n'y arrives pas, rentre chez toi ! Ricciardo est de toute façon un pilote surestimé. Il y a dix ans, chez Red Bull, il dominait un Sebastian Vettel fatigué. Et ensuite, il a battu durant une demi-saison Verstappen qui avait 18 ans et commençait à peine. Et c'est tout. Il n'a plus vaincu personne depuis. » Ricciardo laisse de côté sa jovialité habituelle pour répondre au Québécois: « Villeneuve n'arrête jamais de dire de la m*rde. Il a dû se cogner la tête trop souvent. Il peut aller se faire voir, je n'ai pas de temps à perdre avec ses c*nneries. »
Essais et qualifications
La journée du vendredi est perturbée par la pluie. Une très forte averse inonde le circuit avant la première séance dont le coup d'envoi est reporté, le temps de drainer l'eau tombée. Les pilotes chaussent les slicks en fin de session et Norris prend le meilleur temps (1'24''435'''). Plus tard, deux nouvelles averses perturbent les seconds essais. Alonso s'y montre le plus véloce (1'15''810''') alors que Verstappen est cloué au garage par une panne d'ERS. Samedi, les derniers essais libres se déroulent sur piste sèche, ce qui permet aux pilotes d'éprouver lurs pneus sur les longs relais. Le meilleur chrono revient à Hamilton (1'12''549''') devant Verstappen et Russell. Leclerc (10e) et Sainz (12') s'inquiètent du comportement de la Ferrari.
Les qualifications se déroulent sous un ciel menaçant et débouchent sur un résultat exceptionnel puisque Russell et Verstappen signent tous deux le meilleur temps de la Q3, au millième près (1'12''000''') ! L'Anglais ayant réalisé ce chrono en premier, il recueille la seconde pole position de sa carrière, la première pour Mercedes en 2024. Hamilton, qui visait aussi la pole, perd de l'adhérence durant cette séance et se contente de la 7e place. Verstappen se classe donc deuxième, après avoir frôlé une pénalité car il est un temps soupçonné de s'être indûment faufilé entre deux concurrents dans la pit-lane. C'est un nouveau désastre pour son collègue Pérez (16e) qui est éliminé d'entrée de jeu et concède, faute de grip, une seconde à son équipier. Les McLaren (Norris 3e, Piastri 4e) frôlent la pole de quelques centièmes et viseront la victoire dimanche. Grande satisfaction chez Visa Cash RB: Ricciardo (5e) et Tsunoda (8e) sont bien placés pour cueillir de gros points. Après deux courses difficiles, Aston Martin réémerge. Alonso (6e) se sent mieux au volant de l'AMR24 et Stroll (9e) aurait pu faire mieux sans une touchette contre un mur.
Les Williams sont en forme. Albon (10e) atteint la Q3 et Sargeant (13e) échoue de peu aux portes de cette étape. Douche froide chez Ferrari: Leclerc (11e) et Sainz (12e) ne franchissent pas la Q2 car la SF-24 ne parvient pas à chauffer ses pneus, d'où un cruel manque d'adhérence. Par ailleurs, craignant la pluie, la Scuderia a donné à ses pilotes des jeux de pneus neufs dès les débuts de la Q2, ce qui les a contraint à effectuer leurs derniers chronos avec des chausses usées. Chez Haas, Magnussen (14e), pariant sur la pluie, use trop tôt ses pneus en Q2, tandis que Hülkenberg (19e) doit remplacer son aileron arrière juste avant la séance et est aussitôt éliminé. Les Alpine-Renault sont toujours difficiles à piloter. Gasly (15e) atteint tout de même la Q2, contrairement à Ocon qui partira de toute façon en queue de peloton du fait de la pénalité encaissée à Monaco. Enfin, du côté de Stake, Bottas (17e) ne s'extrait pas de la Q1, tout comme Zhou (19e) qui a subi deux accidents en deux jours.
Le Grand Prix
Ce dimanche, de fortes averses s'abattent sur Montréal à la mi-journée, et si elles se calment à l'approche du coup d'envoi, la piste demeure humide. Tous les pilotes s'élancent ainsi en pneus intermédiaires, sauf ceux de Haas qui sont en gommes « full wet ». Les météorologues prévoient en outre d'autres précipitations durant cette course qui s'annonce très stratégique. Les pilotes Stake Bottas et Zhou partiront finalement depuis la voie des stands après que leurs monoplaces ont été retouchées sous le régime du parc fermé.
Départ: Russell conserve l'avantage devant Verstappen, Norris, Piastri et Alonso, tandis que Hamilton déborde Ricciardo qui a légèrement anticipé l'extinction des feux. À la sortie du premier enchaînement, Pérez accroche Gasly qui esquisse un demi-tête-à-queue. Tous deux poursuivent sans trop de dommages.
1er tour: La piste est encore bien humide. Russell devance Verstappen, Norris, Piastri, Alonso Hamilton et Ricciardo. Très véloce avec ses pneus pluie, Magnussen se hisse en 8e position après avoir doublé Stroll et Leclerc.
2e: Russell compte deux secondes et demie d'avance sur Verstappen. Magnussen double Ricciardo, puis Hamilton à la deuxième chicane et Alonso au dernier virage. Hülkenberg double Albon, Tsunoda et Leclerc et apparaît en 10e position.
3e: Les Haas sont les plus véloces grâce à leurs pneus pluie. Magnussen déborde Piastri dans la longue ligne droite. Hülkenberg efface Stroll, puis Ricciardo.
4e: Russell mène devant Verstappen (2.5s.), Norris (5.5s.), Magnussen (7s.), Piastri (13.4s.), Alonso (14.2s.), Hamilton (15s.), Hülkenberg (15.5s.), Ricciardo (20.5s.), Stroll (21.7s.), Leclerc (23s.) et Tsunoda (24s.). Sargeant vire large au premier tournant et revient en piste dangereusement devant Sainz, qu'il laisse ensuite filer.
5e: Le soleil apparaît et l'eau s'évapore. Les pneus pluie des pilotes Haas sont soudain moins efficaces. Leclerc est affecté d'un problème de moteur qui lui fait perdre plus d'une seconde en ligne droite.
6e: La piste s'assèche, notamment vers l'épingle. Pressé par Hamilton, Alonso coupe tout droit à la dernière chicane. Sargeant glisse au virage n°6 et s'immobilise face aux glissières. Il revient en piste au prix d'une marche arrière.
7e: Deux secondes et demie séparent Russell et Verstappen. Hamilton assaille Alonso au premier virage, mais il glisse et emprunte l'échappatoire. Il revient en piste devant son vieux rival qu'il laisse ensuite repasser. Magnussen arrive chez Haas pour chausser des pneus intermédiaires... qui ne sont pas prêts. Le Danois est immobilisé huit secondes et repart en 14e position.
9e: Russell précède Verstappen (1.6s.), Norris (8.8s.), Piastri (15.3s.), Alonso (24.3s.), Hamilton (25s.), Hülkenberg (30.2s.), Ricciardo (32s.), Stroll (33s.), Leclerc (34.6s.), Tsunoda (35.6s.) et Albon (37.6s.).
10e: Verstappen revient à un peu plus d'une seconde de Russell. À la peine avec ses gommes, Hülkenberg contient un train comprenant Ricciardo, Stroll, Leclerc, Tsunoda, Albon et Sainz.
11e: Verstappen est à huit dixièmes de Russell, mais Norris est désormais plus rapide que ces deux pilotes. Ricciardo double Hülkenberg à la dernière chicane.
12e: Ricciardo reçoit cinq secondes de pénalité pour son faux départ. Hülkenberg se fait doubler par le peloton et rentre aux stands pour mettre des pneus intermédiaires.
14e: Une nouvelle averse est prévue dans 20 minutes. Norris tourne en 1'26''857''' et revient à moins de cinq secondes du duo Russell - Verstappen.
15e: Russell devance Verstappen (0.6s.), Norris (4.5s.), Piastri (12.5s.), Alonso (23s.), Hamilton (24.6s.), Ricciardo (35s.), Stroll (37.3s.), Leclerc (40s.), Tsunoda (41.1s.), Albon (41.4s.) et Sainz (42.4s.). Pérez est un anonyme 15e, coincé entre les Alpine.
17e: Le soleil apparaît et la trajectoire est de plus en plus sèche. Verstappen glisse au virage n°1 et tire tout droit. Cela permet à Russell de s'échapper quelque peu et surtout à Norris de rattraper le Néerlandais.
18e: Verstappen et Norris reviennent sur Russell. Piastri est maintenant le plus rapide (1''25''976''').
19e: L'usage du DRS est autorisé. Norris menace Verstappen. Albon dépasse Tsunoda.
20e: Norris ouvre son aileron mobile et déborde Verstappen dans la ligne droite longeant le bassin olympique. Russell sera sa prochaine cible. Albon double Leclerc, toujours victime d'un moteur poussif. Le Monégasque s'incline devant Tsunoda au tour suivant.
21e: Norris a rejoint Russell et le dépasse aisément par l'extérieur avant l'ultime chicane. Le pilote McLaren est le nouveau leader. Russell loupe en outre son freinage, tire droit dans l'échappatoire, et se fait ainsi dépasser par Verstappen à la réaccélération.
22e: Le bitume est presque sec, mais le ciel se couvre de nouveau. Norris devance Verstappen (4.3s.), Russell (5.6s.), Piastri (7s.), Alonso (21.7s.), Hamilton (22.5s.), Ricciardo (45s.), Stroll (49s.), Albon (55s.) et Tsunoda (56.6s.).
23e: Norris porte son avance sur Verstappen à cinq secondes. Piastri a rejoint Russell. Hamilton klaxonne derrière Alonso.
24e: Sargeant escalade le vibreur humide de la première chicane, dérape, heurte le mur interne avec son train arrière et se retrouve à contre-sens en pleine piste. Gêné par cet accident, Verstappen perd de nombreuses secondes sur Norris.
25e: La voiture de sécurité intervient pour ôter la Williams de Sargeant. Norris reste en piste tandis que Verstappen, Russell et Piastri passent aux stands, chaussent d'autres pneus intermédiaires et repartent dans cet ordre. Alonso et Hamilton font de même. L'Anglais se relance devant l'Espagnol. Stroll, Albon, Leclerc, Sainz, Magnussen, Gasly, Pérez, Hülkenberg et Zhou changent aussi de gommes.
26e: Norris entre aux stands en fin de tour et s'empare de pneus intermédiaires. Cet arrêt est cependant trop tardif car il repart derrière Verstappen et Russell, et un souffle devant Piastri. Ricciardo change de pneus et subit sa pénalité.
28e: Une grue évacue la Williams accidentée. Verstappen mène devant Russell, Norris, Piastri, Hamilton, Alonso, Tsunoda, Stroll, Ocon, Ricciardo, Albon, Bottas, Sainz, Magnussen, Gasly, Pérez, Hülkenberg et Zhou. Seuls Tsunoda, Ocon et Bottas n'ont pas changé de pneus. Leclerc passe par le stand Ferrari pour réinitialiser son volant et corriger ainsi son problème de moteur.
29e: La voiture de sécurité va s'effacer à l'issue de ce tour. Alors que le ciel est de plus en plus menaçant, Leclerc revient au garage pour prendre... des slicks !
30e: Le drapeau vert est agité au moment où la pluie retombe sur Montréal. Verstappen se forge une avance d'une seconde sur Russell. Très incisif, Albon déborde Ricciardo par l'extérieur dans la longue ligne droite, puis Ocon par l'intérieur au freinage. Le pauvre Leclerc, bon dernier, roule sur des œufs avec ses slicks.
31e: Le DRS n'est plus utilisable en raison de l'averse. Leclerc effectue un 4e (!) pit-stop pour reprendre des pneus intermédiaires.
32e: Verstappen devance Russell (1.3s.), Norris (2.8s.), Piastri (3.7s.), Hamilton (5.8s.), Alonso (7.6s.), Tsunoda (8.6s.), Stroll (9s.), Albon (11s.), Ocon (13.2s.) et Ricciardo (14.4s.). Sainz frôle Bottas au freinage de l'épingle et endommage un peu son aileron.
33e: L'averse a déjà cessé et le soleil point à l'horizon. Russell est revenu à moins d'une seconde de Verstappen.
35e: Verstappen a repoussé Russell à une seconde et demie. Hamilton recolle aux deux McLaren.
37e: Le groupe des cinq premiers prend un tour à Leclerc. Verstappen en profite pour creuser son avance sur Russell.
38e: Verstappen mène devant Russell (2.4s.), Norris (3.8s.), Piastri (4.8s.), Hamilton (5.8s.), Alonso (14.8s.), Tsunoda (16.6s.), Stroll (17.8s.), Albon (20.3s.), Ocon (21s.), Ricciardo (21.8s.), Bottas (22.3s.), Sainz (23.6s.), Gasly (24s.) et Pérez (24.6s.).
40e: La trajectoire s'assèche et le DRS est de nouveau utilisable. Seul le premier enchaînement demeure vraiment humide.
41e: L'intervalle entre Verstappen et Russell est stable. Gasly et Magnussen se saisissent de pneus slicks.
42e: Norris glisse sur une plaque d'humidité au premier virage et tire tout droit, mais demeure troisième. Bottas s'empare des slicks. Leclerc rentre au garage pour abandonner. Le couple de son moteur est si mauvais qu'il risquait la perte de contrôle à chaque sortie de courbe.
43e: Le ciel est partagé au-dessus l'Île Notre-Dame, avec de sombres nuages d'un côté et un pur azur de l'autre. Verstappen compte quatre secondes d'avance sur Russell, rejoint par Norris, Piastri et Hamilton. Ce dernier rentre aux stands pour chausser des pneus médiums (2.8s.). Ricciardo, Sainz et Pérez prennent aussi des slicks.
44e: Piastri (2.7s.) prend des gommes médiums et Alonso (2.4s.) des pneus durs. Tsunoda, Stroll, Ocon, Albon, Hülkenberg et Zhou basculent aussi sur les pneus lisses.
45e: Verstappen s'empare de pneus médiums et Russell de pneus durs. Tous deux repartent derrière Norris qui améliore le record du tour (1'23''272''').
46e: Norris est placé sous enquête par les commissaires car il est soupçonné d'avoir tiré un avantage de son « tout-droit » au premier virage. Il ne sera finalement pas inquiété.
47e: Norris fait le forcing pour accroître son avance de 20 secondes sur Verstappen, mais ce dernier est plus rapide (1'20''470''').
48e: Norris fait escale chez McLaren pour mettre les pneus médiums. Il sort de la pit-lane juste devant Verstappen, mais ses pneus sont encore froids et il doit contrôler un début d'embardée. Le Hollandais le laisse sur place et reprend les commandes.
49e: Verstappen mène, mais évite les vibreurs qui font très mal à sa Red Bull. Russell rejoint Norris et le déborde par l'extérieur au freinage de la dernière chicane.
50e: Verstappen devance Russell (4.2s.), Norris (5s.), Piastri (6.8s.), Hamilton (12.7s.), Alonso (31.7s.), Tsunoda (33s.), Stroll (33.7s.), Ocon (34.4s.), Albon (35s.), Sainz (35.6s.) et Riccardo (39s.).
51e: Russell glisse dans la deuxième chicane et met deux roues dans la poussière. Norris saisit cette opportunité pour repasser son compatriote. Ce dernier contre-attaque dans la grande ligne droite, mais en vain.
52e: Stroll prend l'ascendant sur Tsunoda tandis que Sainz double Albon. Pérez part en glissade au virage n°6 et heurte la muraille par l'arrière. Le Mexicain rejoint les stands à faible allure, avec un train arrière détruit, semant ainsi des débris.
53e: Sainz exécute un tête-à-queue au virage n°6. Albon, qui le suivait de très près, tente en vain de contourner la Ferrari. Il est percuté à l'arrière-droit et atterrit à contre-sens dans l'herbe. Le Thaïlandais n'ira pas plus loin.
54e: La voiture de sécurité entre en piste pour évacuer la deuxième Williams. Les Mercedes entrent aux stands: Russell prend des pneus médiums, Hamilton des pneus durs. Magnussen et Zhou changent aussi d'enveloppes. Pérez et Sainz ont rejoint leurs garages pour abandonner.
56e: Le peloton se regroupe derrière la voiture de sécurité. Verstappen devance Norris, Piastri, Russell, Hamilton, Alonso, Stroll, Tsunoda, Ocon, Ricciardo, Gasly, Hülkenberg, Bottas, Magnussen et Zhou, lequel est relégué à un tour.
58e: La voiture d'Albon a été évacuée et la course va reprendre au tour suivant.
59e: Le drapeau vert est brandi. Verstappen crée aussitôt un écart de deux secondes avec Norris.
61e: Verstappen précède Norris (1.8s.), Piastri (2.3s.), Russell (3s.), Hamilton (4.7s.), Alonso (7.3s.) et Stroll (9.3s.). Ocon prend la huitième place à Tsunoda.
62e: Grâce à ses pneus frais, Russell est aux trousses de Piastri. Il tente de le surprendre par l'intérieur à l'épingle, puis par l'extérieur dans la grande ligne droite, en vain.
63e: Russell assaille de nouveau Piastri par la droite avant l'ultime chicane. Les deux bolides se frôlent et Russell, déstabilisé, doit tirer droit vers l'échappatoire. Il se réinsère derrière Hamilton qui recueille ainsi la quatrième place.
64e: Verstappen compte trois secondes d'avance sur Norris. Plus loin, Ocon contient un groupe comprenant Tsunoda, Ricciardo, Gasly et Hülkenberg.
65e: Hamilton ouvre son aileron mobile dans la ligne droite longeant le bassin olympique et dépasse ainsi Piastri.
66e: Russell déborde à son tour Piastri à l'ultime chicane. Tsunoda se loupe au virage n°8, part en toupie, renverse un cône et frôle le mur. Hülkenberg évite de justesse le Japonais en perdition. Celui-ci se relance finalement en 14e position et perd 2 points à cause de cette erreur.
67e: Russell menace son équipier Hamilton tandis que Ricciardo efface Ocon. Verstappen mène devant Norris (3s.), Hamilton (5.3s.), Russell (5.7s.), Piastri (8s.), Alonso (15s.), Stroll (19.3s.), Ricciardo (23.6s.), Ocon (24s.) et Gasly (24.6s.).
68e: Russell prend l'aspiration d'Hamilton dans la longue pleine charge et le déboîte par l'intérieur. Son aîné lui laisse peu d'espace, mais il prend l'ascendant au freinage de la chicane.
69e: Sur ordre de son équipe, Ocon doit laisser passer Gasly afin que celui-ci puisse attaquer Ricciardo.
70e et dernier tour: Max Verstappen remporte son 60e Grand Prix. Norris se classe deuxième. Russell (3e) offre à Mercedes son premier podium en 2024. Hamilton est quatrième, son meilleur résultat de l'année. Il décroche aussi sur la ligne le record du tour (1'14''856'''). Piastri finit cinquième. Alonso (6e) et Stroll (7e) engrangent 14 points pour Aston Martin. Ricciardo finit huitième devant les Alpine de Gasly (9e) et Ocon (10e). Terminent aussi Hülkenberg, Magnussen, Bottas, Tsunoda et Zhou.
Après la course
Max Verstappen s'est transcendé dans des conditions météorologiques piégeuses pour conduire sa très perfectible Red Bull RB20 vers un nouveau succès. Il a aussi bénéficié d'un zeste de chance avec le premier arrêt trop tardif de Lando Norris, mais au fond il s'agit peut-être d'une juste revanche de Miami... « C'était une course folle, très amusante, confie Verstappen. Beaucoup de choses se passaient, mais nous sommes restés calmes, on s'est arrêtés au bon moment. On a eu de la chance avec la voiture de sécurité mais on a bien géré la course ensuite. Pour ma part, j'étais stressé car je pouvais sortir de la piste à tout moment, surtout lorsque les pneus intermédiaires se sont usés, jusqu'à devenir presque lisses. Le bitume était presque sec, sauf dans certains virages et il fallait faire très attention. C'était angoissant, mais quel pied j'ai pris ! » Ce beau succès permet d'atténuer la déroute de Monaco. Verstappen voit en outre avec confiance la prochaine étape de Barcelone, circuit où les vibreurs sont doux et où la RB20 devrait être souveraine.
En revanche, Sergio Pérez n'a pas fêté dignement sa reconduction. Il s'est même montré sous son pire jour: éliminé en Q1 la veille, il a végété en queue de peloton avant de finir dans le mur. Pour ne rien arranger, il sera pénalisé de trois places sur la grille en Espagne car les commissaires ont jugé dangereux son retour en piste avec son aileron arrière effondré. « J'ai laissé tomber l'équipe ! » souffle le Mexicain, atterré. Et si Christian Horner, magnanime, se dit certain du retour en forme d'un pilote qu'il juge « incroyablement résistant », Helmut Marko pointe au contraire un « problème psychologique » que Pérez devrait résoudre ! À se demander pourquoi l'ont-ils prolongé...
De nouveau, McLaren a frôlé la victoire, mais cette fois les Papayes ne peuvent rejeter leur échec que sur eux-mêmes. Lando Norris volait en tête de l'épreuve lorsqu'est survenue la première neutralisation, suite à l'accident de Logan Sargeant. La murette l'a alors rappelé un tour trop tard et l'Anglais, lui-même insuffisamment réactif, a glissé derrière Verstappen et Russell. À leur décharge, ils n'eurent que quelques secondes pour réagir... « C'était le chaos, il s'est passé plein de choses et j'ai l'impression d'avoir fait une bonne course pour être honnête, raconte Norris. Les deux premiers relais étaient solides, j'avais un rythme incroyable. Mais la Safety Car m'a désavantagé, comme elle m'avait aidé à Miami. Ici, elle m'a coûté cher. Nous aurions dû gagner, mais nous n'avons pas bien fait notre boulot. Ce n'est pas une question de malchance. Moi et l'équipe avons mal réagi ». Un constat que partage Andrea Stella: « Lors de la neutralisation, nous avons jeté un coup d'œil rapide. Lando était à une seconde et demie de rentrer aux stands. Avec le recul, nous aurions pu lui dire de rentrer aussitôt en cas de voiture de sécurité. C'est très dommage car à cet instant nous avions vraiment la voiture la plus rapide en piste. »
Cette étape canadienne marque un net regain de forme de Mercedes, avec la pole position de George Russell et un premier podium en 2024. Le circuit Gilles-Villeneuve semblait il est vrai favorable à la W15, pour plusieurs raisons. D'abord, c'est un tracé dont les virages se prennent à un peu près à la même vitesse, alors que la Flèche d'Argent est mauvaise à la fois dans les courbes rapides et les enchaînements lents. En outre, le nouvel aileron avant, adopté ce week-end sur les deux bolides, offre un bien meilleur équilibre. Il est toutefois dommage que Russell n'ait pas profité de cette opportunité pour l'emporter. Toujours très rapide et brillant dans la bagarre, l'Anglais est aussi souvent brouillon et a encore commis quelques fautes très préjudiciables. « Honnêtement, j'ai sans doute manqué une occasion, reconnaît-il. J'étais rapide en pneus intermédiaires, puis ensuite avec les médiums, mais j'ai poussé à la limite et j'ai fait des erreurs à un ou deux moments clés. Néanmoins, c'est notre premier podium de l'année, on avait une bonne voiture et on est de retour dans la lutte. » Lewis Hamilton, certes quatrième, n'a pas non plus été irréprochable, et se couvre la tête de braises: « J'ai réalisé une très mauvaise performance. C'est l'une de mes pires courses. Bien sûr, si je m'étais mieux qualifié, j'aurais été dans une bien meilleure position. Je vais retourner au travail. » Cela étant, Russell et Hamilton saluent le pas en avant accompli par leur bolide, mais estiment que l'étape de Barcelone sera le véritable juge de paix pour déterminer son niveau. « Cette course a démontré que nous travaillons dans la bonne direction », conclut Toto Wolff.
Ferrari arrivait à Montréal en favorite. Elle s'y est finalement noyée. Un revêtement neuf et lisse, des conditions froides, de mauvais réglages et une erreur stratégique avaient déjà envoyé les Rouges samedi dans la seconde partie du peloton. Ce dimanche, sous la pluie, rien ne s'est arrangé. Charles Leclerc a été frappé d'une panne de moteur et Carlos Sainz, englué dans le trafic, a fini par partir à la faute. D'où un double abandon, une première pour Ferrari depuis 2021. « Cela fait beaucoup pour un seul week-end, mais finalement, mieux vaut peut-être accumuler tous les problèmes sur un seul Grand Prix » philosophe Frédéric Vasseur. Mais ce zéro pointé fait mal. Leclerc voit Verstappen s'envoler au classement des pilotes (194 points contre 138) et Ferrari concède désormais 49 unités à Red Bull chez les constructeurs.
Enfin, l'ambiance chez Alpine est plus électrique que jamais. Parti en fond de grille, Esteban Ocon a mené une très belle remontée jusqu'à la neuvième place grâce à un très long relais de 44 tours avec les pneus intermédiaires. Il pensait ainsi racheter son erreur de Monaco, mais à quelques tours du but, Alpine lui a ordonné de laisser passer Pierre Gasly pour permettre à celui-ci de chasser Daniel Ricciardo. « Oubliez ça ! » fut la première réponse d'Ocon, qui s'est finalement exécuté en espérant que Gasly lui rétrocède la position en cas d'échec. Ce qui ne s'est pas produit. À l'arrivée, Ocon explose: « Je suis trop gentil. J'ai fait ce que j'avais à faire, contrairement à vous ! » lâche-t-il à son ingénieur Josh Peckett. Il en conclut aussitôt qu'Alpine a décidé de favoriser Gasly. « J'ai joué le jeu, mais on voit bien la tendance qui va se dessiner jusqu'à la fin de l'année, complète-t-il devant la presse. Ce n'est pas très correct. Je suis amer, j'ai pris tous les risques pour remonter. En plus, Gasly n'avait aucune chance de doubler Ricciardo, on avait deux secondes et demie de retard. Cela n'avait aucun sens ! » Il est difficile cette fois de ne pas donner raison au natif d'Évreux. Sa rupture avec Alpine étant entérinée, cette vexation supplémentaire paraît superflue, voire mesquine.
Sources
- Auto Hebdo n°2466, 12 juin 2024
- Nextgen-Auto.com
- https://f1i.autojournal.fr/magazine/magazine-technique/canada-mercedes-technique-f1-2024/
Tony