Dénouement du championnat des pilotes
Selon toute vraisemblance, Lewis Hamilton devrait pouvoir ajouter une cinquième étoile à son casque à l'issue de ce Grand Prix du Mexique. Le pilote Mercedes compte en effet soixante-dix points d'avance sur Sebastian Vettel à trois courses du terme du championnat. Il n'a donc plus que cinq unités à inscrire pour rejoindre Juan Manuel Fangio au palmarès. Pour entretenir le suspense, Vettel doit absolument l'emporter à Mexico sans qu'Hamilton ne fasse mieux que huitième. Sa tâche s'annonce donc ô combien ardue.
Le pauvre Allemand a en outre été encore une fois éreinté par la presse après son tête-à-queue lors du premier tour du GP des États-Unis. Il devient évident qu'il n'est pas en pleine possession de ses immenses capacités. Certains bruits courent autour de difficultés d'ordre privé auxquelles il ferait face. Plus sérieusement, Ross Brawn soutient que c'est à Ferrari de regonfler le moral de Vettel, de l'aider à tirer la meilleure part de son talent. « C'est dommage, car cette année, Maranello a réussi à lui donner une voiture vraiment compétitive dès le début de la saison », estime l'ingénieur anglais. « Depuis le début de l'ère hybride, Mercedes n'a jamais été confrontée à une telle opposition et n'a jamais eu à pousser le développement autant que cette année. Mais on ne devient pas quadruple champion du monde sans raison et Sebastian n'a assurément pas oublié comment gagner. Dans un sport aussi compliqué que la Formule 1, on atteint ses objectifs si toutes les pièces du puzzle se mettent en place. S'il n'en manque qu'une seule, tout est compromis. » D'où la question: quelle pièce peut-il bien manquer à Vettel ?
En outre, le titre des constructeurs peut aussi être attribué ce week-end à Mercedes (563 points) aux dépens de Ferrari (497 pts). Mais pour cela, les Gris doivent inscrire au Mexique vingt points de plus que les Rouges, ce qui sera compliqué, à moins d'un effondrement de la Scuderia.
Des petits trous, des petits trous...
On sait que Mercedes n'a pas cessé d'entretenir la suspicion autour du dispositif de double batteries utilisé par Ferrari. Ce sont désormais les Rouges qui mettent les Gris en accusation. Ils jugent en effet illégal l'élargisseur de voie qui pare les jantes de la Mercedes W09, couvert de petits orifices et de rainures afin de refroidir les pneumatiques. Cet élément aurait selon eux une incidence sur le comportement aérodynamique de la monoplace. Par ailleurs, il violerait l'article 3.8 du règlement qui stipule que « toute partie de la voiture qui influence la performance aérodynamique doit être solidement fixée à la partie entièrement suspendue de la voiture et doit demeurer immobile en relation à la partie suspendue précitée. » Mattia Binotto a monté un réquisitoire prêt à être transmis à la FIA. A Austin, Mercedes a colmaté ces trous avec du silicone pour éviter une plainte de Ferrari. Mais à Mexico les commissaires techniques tranchent en faveur de l'écurie allemande. Ils jugent que les ouvertures aménagées sont bien destinées au refroidissement et non à la canalisation des flux d'air. Quant au fait que l'élargisseur de voie pivote, cela est inhérent à sa fonction puisqu'il se situe sur la roue...
Voilà qui autorise les autres écuries à copier cette solution. Pour l'heure, Mercedes préfère conserver ses jantes traditionnelles, sans doute afin de prévenir une éventuelle réclamation.
Présentation de l'épreuve
Comme chaque année, techniciens et pilotes s'adaptent tant bien que mal aux conditions atmosphériques de l'autodrome des frères Rodríguez, sis à plus de deux mille mètres d'altitude. La faible densité de l'air compromet l'aérodynamisme des monoplaces, d'où l'adoption par les écuries de gros ailerons pour compenser la perte d'appui. « Cela a vraiment une influence sur les réglages, c'est difficile de trouver un bon équilibre, » explique Esteban Ocon. « Les voitures ont énormément d'appuis mais on a l'impression d'en avoir peu. On manque d'adhérence et la voiture est très glissante, surtout en début du week-end, mais on s'y habitue rapidement. »
Par ailleurs, les moteurs perdent une bonne part de leur puissance, même si ce déficit est compensé par le turbocompresseur. « La pression de l'air est plus faible donc la turbine est plus sollicitée que d'habitude, » souligne Toyoharu Tanabe, le directeur technique de Honda. « Il faut des réglages différents sur le moteur thermique et le MGU-H est encore plus sollicité. Il faut également bien gérer le refroidissement. Nous simulons ces conditions sur le banc, mais il y a toujours des ajustements à faire quand nous commençons les essais. » Il apparaît bien vite que, comme l'an dernier, c'est le groupe propulseur Renault qui souffre le moins de ces perturbations. Les Red Bull sont ainsi les grandes favorites de ce rendez-vous.
Haas s'est trouvé un sponsor-titre pour la saison 2019: il s'agit de la marque de boisson vitaminée Rich Energy, qui s'est déjà fait connaître cette année en se portant candidate au rachat de Force India. Les négociations entre William Storey, l'atypique président de cette firme au look de hipster, et Gene Haas ont été rondement menées. Haas affirme avoir négocié le plus gros contrat de sa carrière. Toutefois, certains s'interrogent sur les capacités de Rich Energy à pouvoir financer une écurie de F1, car cette société est plus connue pour ses plans marketing tapageurs que pour ses produits rafraîchissants.
Stoffel Vandoorne tire un trait sur sa carrière en F1: il disputera la prochaine de Formule électrique sous les couleurs de HWA, le team semi-officiel de Mercedes-Benz. Entrant ainsi dans le giron de Stuttgart, le Flamand pourra peut-être prétendre à une place d'essayeur chez Mercedes-AMG. D'autre part, il ne se gêne plus pour critiquer le manque de résultats de McLaren: « Chaque week-end, on est presque derniers, on a l'air de débutants. On devrait beaucoup plus haut », soupire-t-il devant les micros. Son patron Zak Brown comprend sa déception et estime même que Vandoorne a été trop gentil avec son équipe, ce qui a peut-être nui à sa propre réputation: « C'est un très chouette gars, mais peut-être qu'il aurait dû être un peu plus agressif avec nous. Quand Alonso n'aime pas quelque chose sur la voiture, il n'hésite pas à élever la voix. Peut-être que pour Stoffel, c'est plus difficile à faire dans cet environnement. »
Toro Rosso éprouve à nouveau ce week-end son nouveau package aérodynamique, mais cette fois c'est Brendon Hartley qui en bénéficiera. Pierre Gasly écope pour sa part de multiples pénalités qui le renvoient en fond de grille. Il utilise en effet ses huitièmes moteur, turbo et MGU-H de la saison. A noter que les deux compères rouleront en course avec le V6 Honda « spécification 2 », la « spécification 3 » étant jugée trop peu fiable. Voilà qui ne plaît guère à Red Bull, qui roulera Honda l'an prochain, et guette donc avec anxiété le comportement du moteur nippon.
La raréfaction de l'air à Mexico offre à Ferrari l'opportunité de tester des disques de frein révolutionnaires conçus par Brembo. Ces pièces comportent pas moins de 1400 orifices destinés à améliorer le refroidissement. Jadis, les constructeurs hésitaient à percer les disques pour ne pas compromettre leur rigidité, mais l'amélioration des composants autorise aujourd'hui de telles prouesses.
Essais et qualifications
Le groupe propulseur Renault paraît souverain à Mexico City. Verstappen survole les deux séances d'essais du vendredi, avec pour seule ombre au tableau une panne hydraulique l'après-midi. Ricciardo le suit de près, mais le plus étonnant est que les Renault officielles d'Hülkenberg et Sainz viennent juste derrière les Red Bull, devant les Mercedes et les Ferrari ! Les Flèches d'Argent sont particulièrement mal à l'aise car, en raison de l'altitude, le refroidissement du moteur allemand est altéré. Les ingénieurs doivent donc réduire sa puissance. Les Mercedes dévorent en outre leurs pneus, en particulier les hyper-tendres roses.
Verstappen signe le meilleur chrono lors de la troisième séance libre du samedi matin, puis l'après-midi domine encore la Q1 et la Q2. Mais en Q3, son équipier Ricciardo lui chipe la pole position, en pulvérisant de deux secondes les chronos de l'an passé (1'14''759'''). Verstappen est vaincu pour 26 millièmes et le prend très mal. « Toute cette qualification a été de la m**** ! » lâche-t-il. Plus sérieusement, il semble avoir rencontré des petits soucis de frein moteur. Quoiqu'il en soit, c'est la première fois depuis 2013 que les Red Bull à moteur Renault monopolisent la première ligne. Les Mercedes (Hamilton 3ème, Bottas 5ème) se comportent beaucoup mieux que la veille, mais Bottas casse un moteur samedi matin. Les Ferrari ont beaucoup d'appuis, ce qui les rend efficaces dans les portions sinueuses mais plus lentes en ligne droite. Aussi, Vettel (4ème) comme Räikkönen (6ème) ne cherchent pas à rivaliser avec les Red Bull en essais. Renault place Hülkenberg (7ème) et Sainz (8ème) en quatrième ligne, à plus d'une seconde des meilleurs toutefois. Bel exploit des Sauber-Ferrari (Leclerc 9ème, Ericsson 10ème) qui toutes deux se classement dans le « top ten ».
Les pilotes Force India (Ocon 11ème, Pérez 13ème) se font volontairement éliminer en deuxième manche afin de pouvoir sélectionner leurs pneus pour le premier relais de la course. Les McLaren (Alonso 12ème, Vandoorne 15ème) profitent de la bonne santé du moteur Renault en terre mexicaine, mais souffrent néanmoins de sous-virage. Les Toro Rosso-Honda réalisent des chronos encourageants. Gasly atteint la Q3 mais partira dernier du fait de ses nombreuses sanctions. Il remplace en outre samedi sa boîte de vitesses. Hartley (14ème) commet une petite faute de pilotage qui l'élimine en Q2. Les Haas-Ferrari ne parviennent pas à exploiter leurs gommes et passent à la trappe dès la première étape des qualifications. Magnussen (16ème) devance Grosjean (18ème) qui recule de trois rangs suite à sa collision avec Leclerc à Austin. Les Williams-Mercedes (Stroll 18ème, Sirotkin 19ème) ferment la marche comme à l'accoutumée.
Le Grand Prix
Il fait une chaleur raisonnable (32°C) sur l'autodrome car le ciel est assez chargé. Mais les techniciens redoutent l'usure prématurée des pneumatiques, particulièrement chez Mercedes où Hamilton part avec des ailerons très braqués. Les stratégies sont très diverses. La majorité des coureurs, et surtout les leaders, partent en gommes ultra-tendres violettes. Les Haas, les Force India et la Toro Rosso d'Hartley prennent les pneus super-tendres rouges, soit les plus rigides de la gamme offerte ce week-end. Gasly et Sainz osent les hyper-tendres roses dont la durée de vie est très réduite selon les données recueillies vendredi, jour où la chaleur était le plus intense.
Départ: Riccardo effectue un mauvais envol qui profite à Verstappen et à Hamilton qui se faufile entre les deux Red Bull. Le Hollandais, mieux placé à la corde, conserve in extremis l'avantage au premier freinage. Ricciardo est troisième devant Bottas et Vettel alors que Sainz surprend Räikkönen dans le premier Esse. Au même endroit, Ocon perd son aileron avant contre l'arrière de la Renault d'Hülkenberg. La pièce en carbone se fiche sous la McLaren d'Alonso qui fait pourtant un gros écart pour l'éviter.
1er tour: Vettel fait l'intérieur à Bottas au virage n°6. Leurs roues se frôlent, et le Finlandais est envoyé sur la bordure. En fin de tour, Verstappen mène devant Hamilton, Ricciardo, Vettel, Bottas, Sainz, Räikkönen, Hülkenberg, Leclerc et Ericsson. Ocon rejoint les stands pour changer de museau et de pneus. Il chausse les gommes rouges, alors que pendant ce temps-là Hartley prend les Pirelli ultra-tendres.
2e: Hamilton concède un peu plus d'une seconde à Verstappen. Räikkönen se défait de Sainz au virage n°4.
3e: Deux secondes entre Verstappen et Hamilton. Räikkönen revient sur Bottas.
4e: Les débris ramassés par Alonso ont obstrué les entrées d'air de sa McLaren qui surchauffe. L'Espagnol se gare dans une échappatoire. Bien que la situation ne présente pas le moindre danger, la procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est mise en action au tour suivant.
5e: Les pilotes ralentissent quelques instants, le temps que la monoplace d'Alonso soir évacuée. Gasly troque déjà ses gommes roses contre des rouges.
6e: Le drapeau vert est brandi. Verstappen devance Hamilton (2s.), Ricciardo (3.6s.), Vettel (6.2s.), Bottas (8.1s.), Räikkönen (9.5s.), Sainz (14s.), Hülkenberg (15.5s.), Leclerc (18.6s.), Ericsson (21.8s.) et Pérez (22.7s.).
7e: Hamilton déplore du sous-virage car ses pneus arrière sont déjà en train de se dégrader. Pérez klaxonne derrière Ericsson dont les pneus hyper-tendres ont une bonne tenue.
9e: Les pneus arrière des Mercedes sont frappés de « graining ». Hamilton concède maintenant trois secondes et demie à Verstappen et voir revenir Ricciardo.
10e: Verstappen est une seconde et demie au tour plus rapide qu'Hamilton. La gestion des pneumatiques sera bien la clef de cette course. Stroll prend des Pirelli violets. Pérez tente sans succès de faire l'extérieur à Ericsson au premier freinage.
11e: Hamilton et Bottas se succèdent au stand Mercedes pour chausser les gommes rouges, c'est-à-dire les plus résistantes de la gamme. Ils sont imités par Sainz et Sirotkin.
12e: Ricciardo passe chez Red Bull pour prendre les pneus super-tendres et ressort derrière Hamilton. Hülkenberg et Vandoorne effectuent la même opération.
13e: Verstappen chausse à son tour les enveloppes rouges et laisse Vettel, dont les gommes sont encore en bon état, aux commandes de la course. Arrêt également pour Leclerc.
14e: Vettel devance Räikkönen de douze secondes. Pérez se débarrasse enfin d'Ericsson. Les Renault doublent les Haas qui ont prévu un seul arrêt tardif.
15e: Verstappen fond sur Räikkönen et le dépose littéralement dans la ligne droite principale. Sainz déborde Ericsson.
16e: Vettel précède Verstappen (9.7s.), Räikkönen (15.6s.), Hamilton (16.2s.), Ricciardo (16.7s.), Bottas (25.1s.), Pérez (45.6s.), Sainz (48.6s.), Hülkenberg (52s.) et Magnussen (55s.). Ericsson prend les pneus rouges. Il se retrouve dernier mais ne prévoit pas de s'arrêter à nouveau.
17e: Hamilton rattrape Räikkönen. Il se glisse à l'intérieur au premier virage mais le Finlandais lui ferme gentiment la porte. L'Anglais garde sa ligne, aborde ainsi favorablement le troisième tournant et s'impose. Ricciardo dépasse aussi Räikkönen dans le bout droit suivant.
18e: Branle-bas de combat chez Ferrari: Vettel puis Räikkönen s'arrêtent au garage pour prendre les pneus super-tendres. Ils retrouvent leurs positions précédentes. Leclerc, onzième, emmène un train comprenant Grosjean, Hartley, Ocon, Gasly et Vandoorne.
20e: Verstappen devance Hamilton (9s.), Ricciardo (11.3s.), Vettel (13.6s.), Bottas (18.5s.), Räikkönen (32s.), Pérez (48s.), Sainz (52s.), Hülkenberg (55s.), Magnussen (1m.) et Leclerc (1m. 03s.).
22e: Des bulles se forment derechef sur les pneus arrière d'Hamilton. La Mercedes semble autant maltraiter la gomme rouge que la violette.
24e: Neuf secondes séparent Verstappen de Hamilton. Vettel est le plus rapide en piste et revient sur Ricciardo. Stroll puis Hartley prennent des Pirelli super-tendres. L'arrêt du Canadien de Williams se passe mal puisqu'il repart en faisant tomber un de ses mécaniciens. Celui-ci n'est heureusement pas blessé mais la fédération infligera une sanction financière à l'écurie.
25e: Les leaders sont pris dans le trafic. Les intervalles demeurent relativement stables. Leclerc prend la dixième position à Magnussen.
27e: Verstappen précède Hamilton (9.3s.), Ricciardo (11s.), Vettel (12.2s.), Bottas (19s.), Räikkönen (30.5s.), Pérez (1m. 06s.), Sainz (1m. 11s.), Hülkenberg (1m. 14s.), Leclerc (-1t.), Magnussen (-1t.) et Grosjean (-1t.). Second arrêt de Gasly.
28e: Les pneus montés il y a quinze tours n'offrent déjà plus d'adhérence. Les chronos de la plupart des concurrents s'effondrent.
29e: La batterie de Sainz se décharge soudainement dans le Stadium. Le Madrilène s'immobilise dans une échappatoire. La course est neutralisée au tour suivant par la « Virtual Safety Car ».
31e: Les bolides roulent à vitesse réduite, ce qui ne change pas grand-chose à leur rythme de course... Pérez et Ocon s'équipent en gommes hyper-tendres.
32e: La neutralisation prend fin. Verstappen compte treize secondes de marge sur Hamilton. Vettel, qui était dans les roues de Ricciardo, se laisse surprendre par la réaccélération et perd une seconde, qu'il récupère aussitôt car le pilote Red Bull a un pneu avant cloqué.
34e: Vettel déborde Ricciardo au premier virage. Juste devant eux se battent Leclerc et Pérez pour la huitième place. Le Monégasque résiste farouchement au Mexicain.
35e: Bottas et Räikkönen se rapprochent de Ricciardo, très à la peine avec ses gommes. Pérez prend l'ascendant sur Leclerc au premier freinage.
36e: Verstappen est premier devant Hamilton (13.2s.), Vettel (15.7s.), Riccardo (21.1s.), Bottas (24s.), Räikkönen (30s.), Hülkenberg (-1t.), Pérez (-1t.), Leclerc (-1t.), Magnussen (-1t.), Vandoorne (-1t.) et Grosjean (-1t.).
38e: Vettel rattrape aisément Hamilton dont les pneus sont très endommagés. Leclerc repasse devant Pérez. Ocon et Hartley luttent pour la 14ème place. Tous deux se frottent au second tournant et des morceaux de carbone s'envolent.
39e: Vettel actionne son aileron arrière mobile devant les stands et laisse Hamilton sur place. Pérez sent s'allonger sa pédale de frein et tire tout droit au premier virage. Le Mexicain regagne ensuite son garage au petit trot pour abandonner. Consternation dans les tribunes.
40e: Désormais second, Vettel roule à quatorze secondes de Verstappen. Il tourne deux secondes au tour plus vite qu'Hamilton.
42e: Verstappen précède Vettel (13.1s.), Hamilton (20.2s.), Ricciardo (22.6s.), Bottas (28.3s.), Räikkönen (33.8s.), Hülkenberg (-1t.), Leclerc (-1t.), Magnussen (-1t.), Vandoorne (-1t.) et Grosjean (-1t.).
43e: Vettel tourne en 1'20''112''' et revient à douze secondes de Verstappen.
45e: Ricciardo réapparaît dans les rétroviseurs d'Hamilton qui tente tant bien que mal de préserver ses derniers bouts de gomme. Magnussen observe son unique arrêt. Il prend les Pirelli violets et se retrouve bon dernier. Grosjean effectue la même opération au tour suivant et rejoint son équipier en queue de peloton.
46e: Les pneus de Bottas s'effondrent. Räikkönen recolle à son compatriote.
47e: Ricciardo prend l'aspiration d'Hamilton dans la ligne droite principale. Il se décale à gauche avant le freinage, mais Hamilton bloque ses roues arrière et tire tout droit dans la pelouse. Ses pneus sont morts, mais il parvient à se traîner jusqu'à son stand.
48e: Räikkönen attaque Bottas au bout de la longue ligne droite. Exactement comme Hamilton au tour précédent, le Finlandais allume ses roues et emprunte le gazon. Vettel anticipe l'arrêt d'Hamilton en s'emparant de pneus violets. L'Anglais le suit aux stands et ne peut sélectionner que des ultra-tendres déjà éprouvés.
49e: Verstappen chausse un second jeu de pneus roses et reprend la piste cinq secondes devant Ricciardo. Bottas prend lui des pneus violets lors d'un arrêt assez longuet de quatre secondes.
50e: Le ciel se couvre de plus en plus et les températures chutent. Verstappen devance Ricciardo (6s.), Vettel (8.3s.), Räikkönen (17.7s.), Hamilton (31.4s.), Bottas (47.6s.), Hülkenberg (-1t.), Leclerc (-1t.), Vandoorne (-1t.) et Ericsson (-1t.).
52e: Vettel est à l'attaque pour revenir sur Ricciardo... et peut-être sur Verstappen. Ses efforts sont toutefois désespérés car il faudrait maintenant un miracle pour qu'Hamilton ne soit pas titré à l'issue de cette course.
53e: Assailli par Gasly, Ocon se défend par un freinage tardif puis pousse son compatriote vers la bordure. Gasly parviendra toutefois à le passer quelques virages plus loin.
55e: Verstappen prend un second tour aux attardés. Vettel revient à moins d'une seconde de Ricciardo. Hamilton est toujours mécontent de ses pneus et laisse filer Räikkönen qui ne s'est pourtant pas arrêté une seconde fois. Bottas est tout aussi insatisfait.
56e: Ricciardo et Vettel arrivent sur les deux Toro Rosso. Hartley s'écartent devant eux... et Gasly en profite pour dépasser son équipier. Le voici onzième.
58e: Verstappen compte une dizaine de secondes d'avance sur le duo Ricciardo - Vettel.
60e: Verstappen précède Ricciardo (11.2s.), Vettel (12.6s.), Räikkönen (31.2s.), Hamilton (49s.), Bottas (1m. 10s.), Hülkenberg (-2t.), Leclerc (-2t.), Vandoorne (-2t.), Ericsson (-2t.), Gasly (-2t.) et Hartley (-2t.).
62e: Red Bull ne signera pas le doublé: Ricciardo est trahi par son embrayage alors qu'il quitte le Stadium. Il abandonne sa machine au bout de la longue pleine charge. Sans que l'on sache trop pourquoi, la « voiture de sécurité virtuelle » est réenclenchée.
63e: Les pilotes décélèrent de nouveau. Bottas et Grosjean passent aux stands pour mettre les pneus hyper-tendres.
64e: Les commissaires mettent à l'abri la Red Bull de Ricciardo. La course reprend ses droits. Verstappen a quatorze secondes de marge sur Vettel. Ocon passe devant Hartley.
65e: Inquiet pour son moteur dans ces derniers kilomètres, Verstappen réduit quelque peu la puissance de son bolide. Bottas s'adjuge le meilleur tour de la course grâce à ses gommes roses (1'18''741''').
66e: Verstappen démontre qu'il en a encore sous le pied en signant son propre meilleur tour (1'19''186'''). Loin de là, en cinquième position, Hamilton s'échine à rallier l'arrivée sans encombre pour empoche sa cinquième couronne.
68e: Verstappen est premier devant Vettel (15s.), Räikkönen (44s.), Hamilton (1m. 09s.), Bottas (-1t.), Hülkenberg (-2t.), Leclerc (-2t.), Vandoorne (-2t.), Ericsson (-2t.), Gasly (-2t.), Ocon (-2t.) et Hartley (-2t.).
70e: Le soleil refait son apparition. Seize secondes séparent Verstappen de Vettel.
71ème et dernier tour: Max Verstappen remporte le GP du Mexique pour la seconde année consécutive. Vettel et Räikkönen l'encadrent sur le podium. Hamilton se classe quatrième et devient champion du monde pour la cinquième fois de sa carrière. Bottas se classe cinquième à un tour. Hülkenberg, sixième, inscrit huit points pour Renault. Leclerc est un excellent septième. Vandoorne, huitième, marque ses premiers points depuis le GP d'Azerbaïdjan ! Ericsson termine neuvième, Gasly dixième. Suivent Ocon, Hartley, Stroll, Sirotkin, Magnussen et Grosjean. Jugé responsable de la collision avec Ocon, Hartley écope de cinq secondes de pénalité et recule à la 14ème place.
Lewis Hamilton gratifie les spectateurs du Stadium de superbes « donuts » pour célébrer son triomphe mondial. Son ami le comédien Will Smith est le premier à le féliciter à la radio. Si le Britannique est champion, Mercedes devra encore attendre un peu pour être titrée. Au classement des constructeurs, Renault consolide sa quatrième place devant Haas qui réalise un score vierge, alors que Sauber s'empare du huitième rang aux dépens de Toro Rosso.
Après la course
Max Verstappen rayonne après ce succès qui efface son échec de la veille en qualifications. En prenant les commandes de l'épreuve au premier virage, il a pu piloter à sa main et surtout préserver ses pneus, alors que ses poursuivants abîmaient les leurs dans les turbulences. « Le départ a été la clef », estime-t-il avec raison. « En partant premier, j'ai pu faire ma course. Je n'ai quasi pas eu de pression derrière moi, alors j'ai conduit comme je voulais. C'est un circuit qui met l'accent sur le grip, l'adhérence, où la Red Bull ne perd pas beaucoup de temps dans les lignes droites. Il ne convient pas particulièrement à mon style de pilotage, mais quand la voiture fonctionne mieux, tout est plus facile. »
En revanche Daniel Ricciardo, encore frappé par une panne, a définitivement perdu sa banane: « Je pense que frustration n'est plus le mot », lance-t-il, dépité. « Tout semble sans espoir. Vous savez, honnêtement, là où j'en suis, je ne vois pas l'intérêt de disputer les deux prochaines courses. Je n'ai pas connu une course ou un week-end propre depuis longtemps. Je ne suis pas superstitieux, mais... la voiture est maudite. Je vais laisser Gasly la piloter, je ne veux plus y avoir affaire ! » Simple boutade ?
Les Ferrari ont vécu une bonne course puisque Sebastian Vettel et Kimi Räikkönen grimpent tous deux sur le podium, après avoir bien su ménager leurs pneus. Mais Vettel est abattu suite à sa défaite au championnat du monde dont la responsabilité lui revient presque entièrement. « C'est un moment horrible, » soupire-t-il en conférence de presse. « J'étais attentif en cours de maths, donc je sais faire les calculs, mais on y croyait jusqu'au bout. C'est la troisième fois de ma vie que je traverse ce genre de déceptions. On réalise qu'on ne peut plus gagner le championnat et on ne se sent pas bien. On ne se souvient pas d'un seul moment mais de toute l'année: le travail mis en œuvre, les efforts nécessaires, de la fin de l'année dernière jusqu'à maintenant... Nous avons saisi la plupart des opportunités, mais pas toutes. Finalement, nous n'avons pas été assez bons. » L'Allemand félicite toutefois très sportivement son vainqueur: « Hamilton mérite son sacre. Il a été le meilleur, il a été parfait toute la saison. Il faut accepter ce qu'il se passe et dire bravo. »
Un Hamilton 5 étoiles
Il est décidément écrit qu'au Mexique Lewis Hamilton ne coiffera pas la couronne avec panache. L'an passé, c'est une modeste neuvième place qui lui avait offert le titre. Cette année, il a vécu un calvaire avec ses pneumatiques. « La course a été horrible. J'essayais tout simplement d'assurer et de voir l'arrivée.... » confie-t-il au parterre de journalistes. A vrai dire, beaucoup se demandent si l'abandon par Mercedes des jantes trouées, qui offraient aux pneus arrière un bon refroidissement, n'est pas la cause de ces dégradations rapides. Déjà, à Austin, la W09 dévorait sa gomme. Si le phénomène se reproduit, les Flèches d'Argent pourraient souffrir lors des deux dernières courses de la saison.
Mais pour l'heure, Lewis Hamilton savoure ce cinquième sacre qui fait de lui l'égal de Juan Manuel Fangio, à seulement 33 ans. Le voici parti pour rejoindre Michael Schumacher et ses sept titres mondiaux. C'est sans aucun doute son objectif pour les deux années de contrat qui lui restent à remplir avec Mercedes. D'autre part, les superlatifs pleuvent sur le nouveau champion, et beaucoup de commentateurs chercher à situer Hamilton dans l'histoire de la F1. Il n'est évidemment pas question de le comparer à Fangio car leurs époques sont trop différentes. Mais tout le monde s'accorde à le classer parmi les plus grands champions de la discipline, aux côtés de Fangio donc, mais aussi de Jim Clark, Ayrton Senna et Michael Schumacher. Celui qui fut son premier grand rival, Fernando Alonso, lui rend un bel hommage: « Ce que réussit Lewis est un grand accomplissement. Il a toujours montré son talent et son engagement, quelles que soient les circonstances. Lorsqu'il avait la voiture pour, il a été capable de remporter des championnats, ce qui n'est pas évident. Mais il a également montré ce qu'il valait lorsque son équipe fonctionnait moins bien. Il a toujours répondu présent. »
Mais c'est encore Alain Prost qui délivre sans doute le meilleur jugement sur le Britannique, dans le quotidien L'Équipe: « Parfois, je me suis demandé qui je préférerais pour décrocher un cinquième titre et me dépasser. Sincèrement, même si j'aime bien Vettel, celui qui le mérite le plus, c'est Hamilton. C'est un champion atypique, exceptionnel. Il a dans son pilotage tous les ingrédients pour être devant. Il n'y a rien à dire sur l'ensemble de sa carrière. Mais c'est pareil, ou presque, pour Vettel. La différence, c'est que Vettel fait plus de fautes de manière parfois surprenante, alors que c'est un vrai talent. Lewis, lui, est extrêmement complet et par moments imprévisible. Il peut passer à côté sur certains Grands Prix, mais de moins en moins souvent [...] Il est libre, Lewis. Il s'appuie sur une équipe qui le soutient et le comprend à 1000 %. Hamilton a fait beaucoup pour l'image de la F1. Et c'est important, parce que ce qu'il manque à ce sport, c'est le côté humain. Il s'est créé un personnage. Tant mieux pour la F1. On le suit dans sa vie autant que sur la piste. Les deux personnages se superposent. Comme Senna avec son côté mystique, à mon époque [...] Hamilton, comme Ayrton, a changé tout au long de sa carrière et, à un moment, son personnage s'est façonné. Les deux se ressemblent sur ce plan-là. »
Il ne fait pas de doutes qu'Hamilton est le pilote de F1 emblématique de ce début du XXIème siècle, qu'on apprécie ou non le personnage. Mais il ne créera pas une légende capable de dépasser son sport, comme naguère Fangio ou Senna. Ce n'est pas faute: l'automobile et les sports mécaniques ont perdu leur aura auprès du grand public. Les héros ne sont plus de ce temps. Il lui reste heureusement l'admiration, sinon l'affection, des authentiques passionnés.
Tony